Réforme fiscale : quel contrat social pour 2025 ?
Le projet de loi de finances rectificative présenté cette semaine par le ministère de l'Économie ambitionne de réécrire la progressivité de l'impôt sur le revenu. L'objectif : financer la transition écologique et sociale à hauteur de 35 milliards d'euros supplémentaires tout en renforçant le pouvoir d'achat des classes moyennes. La réforme prévoit une nouvelle tranche intermédiaire, un renforcement de la décote pour les ménages modestes et une contribution climat-solidaire pour les plus hauts revenus.
Selon les simulations de la direction du Trésor, près de 62 % des foyers fiscaux bénéficieront d'une baisse de leur imposition nette. Les régions percevront également une dotation verte conditionnée à la mise en œuvre de plans de neutralité carbone. L'État parie sur une augmentation des recettes liées à la croissance générée par les investissements dans la rénovation énergétique et les transports collectifs.
Un équilibre délicat entre incitations et justice sociale
Pour éviter l'effet d'éviction sur l'investissement privé, le gouvernement introduit un crédit d'impôt transition pour les entreprises qui décarbonent leurs chaînes de production. Les organisations patronales saluent la visibilité donnée sur trois ans, mais demandent un accompagnement administratif renforcé pour les PME. Du côté des syndicats, la vigilance reste de mise sur la redistribution de la contribution climat-solidaire et la protection des ménages précaires.
Les économistes interrogés soulignent la nécessité de garantir la simplicité du dispositif. « Un impôt lisible est un impôt accepté », rappelle l'universitaire Hélène Caradec. Une campagne d'information nationale sera lancée à l'automne pour expliquer les nouvelles règles et mettre à disposition des simulateurs personnalisés.
Un débat parlementaire sous haute surveillance citoyenne
Les associations de lutte contre la pauvreté entendent peser sur l'examen parlementaire. Elles proposent d'élargir la prime d'activité et de sanctuariser une partie des recettes pour financer les services publics essentiels. Plusieurs amendements devraient porter sur la territorialisation de la dotation verte afin de soutenir les communes rurales.
Le texte sera débattu au Parlement dès le mois de mai. S'il est adopté, il redessinerait le contrat social français en plaçant la transition écologique au cœur de la solidarité nationale. Les prochaines semaines diront si la majorité parvient à rallier une coalition suffisamment large autour de ce compromis.